• Africa IT Expo : priorité à la transformation digitale

    Publié le: 6 octobre 2016

    Plus de 100 exposants et 200 donneurs d’ordre étaient présents . L’objectif des organisateurs était de réunir experts, entreprises et utilisateurs autour d’un débat sur la transformation digitale comme moyen de développement en Afrique. Malgré les avancées, le Maroc a encore du chemin à faire pour rattraper son retard dans la digitalisation de l’administration.
    La première édition du Salon international des technologies de l’information (AITEX Africa IT Expo) a été organisée à Casablanca du 21 au 24 septembre 2016 par la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi), en collaboration avec Maroc Export et l’OFEC, sous l’égide du ministère de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. Cette plateforme de l’innovation et de la transformation digitale a réuni 100 exposants et 200 donneurs d’ordre locaux et étrangers.
    Face aux objectifs de croissance soutenue dans le continent, les organisateurs considèrent la transformation numérique comme un moyen d’atteindre le développement tant attendu. C’est la raison pour laquelle Saloua Karkri Belkeziz, présidente de l’Apebi, veut inscrire la digitalisation comme stratégie pérenne pour le développement. Le Maroc, dont 80% de la population est connectée, se présente comme exemple à suivre dans le domaine pour des pays d’Afrique de l’ouest. Dans ce cadre, le représentant de la délégation ivoirienne a attesté de la position avancée du Maroc dans le domaine.
    L’innovation au cœur des débats
    De l’avis de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, le Maroc et l’Afrique ont pris beaucoup de retard dans le domaine des technologies de l’information. «Nous devons trouver des chemins plus courts pour développer nos économies. Cela commence par l’administration publique qui pâtit de freins technologiques colossaux. Des avancées ont été réalisées notamment dans le cadre de Maroc Numeric 2013. Mais l’e-Gov est un challenge pour le ministère que nous pouvons réussir avec les pays africains», constate M. Elalamy. Et de renchérir : «Les innovations technologiques, de plus en plus rapides, obligent les économies à se métamorphoser. Plusieurs métiers sont en voie de disparition. Les pays développés, déjà habitués à la configuration actuelle, auront à mener des transformations plus lourdes que celles des pays africains moins avancés. Il faut donc préparer cette révolution technologique».
    La transformation digitale s’impose ainsi comme sujet de débat qui réunit divers experts. Tout le monde s’accorde à dire que le futur du digital réside dans la création d’écosystèmes innovants. Booking.com, Airbnb, LinkedIn, Uber… sont parmi les entreprises qui ont bâti leur succès sur une idée innovante qui répond à un besoin. Mais pas seulement. Pour Marie Euloge Pandi, account director chez LinkedIn France, le succès de cette entreprise américaine repose sur son agilité, sa mission qui pousse les collaborateurs à être plus engagés et la culture et les valeurs de l’entreprise qui se définissent comme un référentiel à chaque fois qu’une décision doit être prise.
    Le problème du financement reste posé
    Habib Guergachi, entrepreneur marocain installé en France, a suivi ce modèle pour créer Zengularity, une entreprise spécialisée dans l’ingénierie. «Zengularity met l’Homme au centre de l’innovation. Et pour cause, notre business model étant basé sur un squad (c’est-à-dire, un groupe d’hommes qui collaborent et partagent des valeurs communes pour délivrer des applications), nous n’avons pas de supérieur hiérarchique. Nous testons continuellement les applications jusqu’à l’obtention d’un résultat convaincant. Notre clé de succès est une remise en cause permanente», indique le DG de l’entreprise.
    Ce type de success stories n’est pas l’apanage d’ingénieurs expérimentés. Pour les multiplier, de grandes écoles ont créé des écosystèmes internes d’entreprenariat afin d’initier et d’accompagner les étudiants à la création de start-up. Hamid Bouchikhi, professeur de management et d’entreprenariat à l’ESSEC Business School, a pris cette mission à cœur. «Nous avons mis en place un fonds d’amorçage et sa chaîne de valeur pour accompagner l’étudiant à l’entreprenariat et dédramatiser ce domaine. Notre meilleur exemple de succès est Synthesio, leader des solutions d’écoute pour les entreprises sur les réseaux sociaux. L’ESSEC y a investi 100 000 euros et a récupéré 2,5 fois ce montant pour permettre à d’autres entreprises de grandir», remarque Hamid Bouchikhi. Au Maroc, ce sont surtout les actions prises par l’Apebi dans le développement de la start-up et la valeur ajoutée de Maroc Numeric Cluster (MNC) qui encouragent la création d’entreprise. D’après Mehdi Kettani, président de MNC, l’organisme a produit un baromètre de l’innovation avec la CGEM, essayé de soutenir des projets et apporté du networking et de l’évènementiel. Mais les freins au développement des écosystèmes innovants résident dans le financement.
    Pour Samir El Aichaoui, ex-DG du Centre marocain de l’innovation, cette structure a eu le mérite d’interpeller le public. «On était chargé du guichet de financement, nous avons instauré un cadre réglementaire et tenté de matérialiser cette science de l’innovation dans les entreprises. Néanmoins, n’ayant pas le rythme du privé, l’Etat ne sait pas réaliser l’accompagnement de l’innovation. Il a un rôle à jouer autre que le financement surtout en matière de suppression des verrous», déclare M. El Aichaoui, converti aujourd’hui dans le capital risque. Avec cette casquette, il prône la création d’entreprises innovantes capables de monétiser leurs services. Elles pourront dès lors obtenir un financement bancaire ou de capital risque.

    source : lavieeco.com



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