archives audiovisuelles une mémoire mal protégée

La Haca se mobilise pour tenter de sauvegarder un patrimoine menacé. La préservation des archives audiovisuelles bute tout particulièrement sur le déficit en RH spécialisées
C’est connu. Les archives constituent une véritable richesse nationale. Elles portent un «témoignage unique sur nos sociétés et sur la diversité des cultures du monde», selon l’Unesco. Au Maroc, plusieurs années après l’indépendance, l’Etat a «omis d’une façon irrationnelle l’organisation des archives, qui constituent pourtant, incontestablement, un pilier essentiel d’un Etat moderne», déplore Jamaâ Baida, directeur des Archives du Maroc, sur le site officiel de cette institution. Pendant des décennies, «les gouvernements successifs se sont contentés de se référer à une loi obsolète de 1926, promulguée sous le régime colonial français», a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé, notamment l’adoption de la loi 69-99 sur les Archives du Maroc, ayant permis la mise en place de cette institution, chargée de la préservation de la mémoire collective des Marocains. Les choses sont plus compliquées pour les archives audiovisuelles, qui sont «aussi vivantes que vulnérables et fragiles», selon l’Unesco.
Cette organisation internationale rappelle qu’une grande partie de ce patrimoine audiovisuel mondial a été déjà irrévocablement perdue par la négligence, la destruction, la malchance ou le manque de ressources, de compétences et de structures adaptées. Au Maroc, les initiatives sont encore éparpillées. D’où l’importance de mener des réflexions autour des moyens de préservation des documents audiovisuels. La Haca se positionne en tant que porte-étendard de cette dynamique.
Cette institution vient d’organiser un séminaire international autour de cette problématique. Cet intérêt s’explique par «nos propres constats relatifs à l’état des lieux et par les enjeux à la fois politiques, économiques, techniques et pédagogiques des archives audiovisuelles dans notre pays», avait annoncé la présidente de la Haca, Amina Lemrini El Ouahabi. A travers ces rencontres, les responsables de la Haca ambitionnent de mener un «plaidoyer auprès des décideurs, pour faire que cette question figure en tant que priorité».
L’idée est de favoriser la mise en place de programmes de renforcement des capacités, via l’identification des meilleures méthodes de sauvegarde des archives audiovisuelles. Aujourd’hui, le principal handicap, qui risque de plomber les efforts de préservation de la mémoire audiovisuelle, est lié à la faiblesse des ressources humaines qualifiées. Des patrons d’institutions publiques, ayant participé à cette rencontre, ont confié qu’ils disposent d’importants moyens techniques, mais souffrent d’un manque flagrant en ressources humaines spécialisées. Au-delà de l’élément humain, les conclusions de cette rencontre insistent sur la nécessité d’une approche globale pour faire face à ces défis. Cela concerne le renforcement du capital humain, mais aussi la mobilisation des ressources financières et techniques, afin d’assurer «une protection optimale et durable de ces archives». L’objectif est d’assurer leur diffusion auprès du grand public. La protection et la restauration des archives audiovisuelles pourraient constituer un véritable appui à la consécration des droits des citoyens à l’accès à l’information. Certains professionnels plaident aussi pour l’identification des moyens de monétiser ce patrimoine.
source : leconomiste.com
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