« bissara overdose », la nouvelle web-série féministe de hicham lasri

BISSARA OVERDOSE
WEB – Avec « No Vaseline Fatwa », le cinéaste Hicham Lasri semble avoir pris goût à cette marge de liberté que lui permet le web. C’est dans ce sens qu’il a proposé dans la foulée la mini-série « Les bougnoules », tout en diffusant de temps en temps des épisodes inédits de son premier essai. Le voici qui revient avec « Bissara Overdose », un nouveau projet qui sonne comme l’alter ego féminin de « No Vaseline Fatwa ».
Face caméra, en gros plan, le personnage principal incarné par la comédienne Fadwa Taleb raconte ses déboires avec le mariage. Avec une rage qu’elle exprime progressivement durant ce premier épisode, elle explique comment toutes ses histoires d’amour finissent mal. Elle en arrive même à arracher son voile.
Entre idéaux et réalité
« Je ne veux plus jouer la fille de bonne famille. A chaque fois ils m’énervent. Tfou. Ceux qui n’ont pas de chance n’en auront jamais. Je veux juste me marier », dit-elle avant d’éclater en sanglots.
Durant ce monologue, peut-être sans s’en rendre compte, cette jeune femme, ressemblant à l’idée que l’on se fait de l’archétype de la femme marocaine, exprime des positions résolument féministes et s’interroge sur sa place dans cette société marocaine, où elle n’est pas tout à fait à l’aise, entre idéaux et réalité. Elle s’avance dans des discours prédéterminés avant de remettre en question l’ensemble des codes qui régissent la société.
« On parle beaucoup de libérer la femme. Mais on ne se pose jamais de questions sur ce que nous sommes, si nous avons réellement le choix au sein de la société », explique au HuffPost Maroc le réalisateur Hicham Lasri.
Pour lui, cette nouvelle mini-série est « hyper féministe ». « Ce personnage est une femme forte, qui n’est pas bête et est sincère. Elle n’est pas dans l’imposture et paraît consciente de la réalité. Une réalité qui l’énerve au fur et à mesure. » C’est en ces mots que Lasri décrit ce personnage, incarné par la comédienne Fadwa Taleb, qu’il connait depuis quelques années, et avec qui il a collaboré sur plusieurs projets destinés au cinéma et à la télé. Elle a d’ailleurs participé à l’écriture des textes.
Et comme le jihadiste égaré de « No Vaseline Fatwa », le nouveau personnage féminin que l’on vient de découvrir dans « Bissara Overdose » n’hésite pas à dire les mots comme il viennent, qu’ils soient désespérés ou crus.
« Nous voulions faire quelque chose qui examine la société »
« Encore une fois, nous voulions faire quelque chose qui examine la société, avec les mots de la société », confie Hicham Lasri, qui s’intéresse notamment « à ceux qui se battent pour exister dans la société marocaine, ou encore ceux qui se rendent finalement compte qu’il faut jouer le jeu, s’insérer dans un moule ».
Mais attention, « Bissara Overdose » n’est pas un projet militant. « Nous voulons juste foutre le bordel », s’amuse Hicham Lasri. Concrètement, l’artiste souhaite inviter à la réflexion, en dévoilant une réalité qui torture la femme marocaine.
Si YouTube a vu éclore ce nouveau projet le 29 novembre au soir, le tournage, lui, n’a commencé qu’il y a deux jours. « Nous sommes trois, la comédienne, un technicien et moi. Nous avons passé la journée à tourner cinq épisodes que nous avons finalisés », raconte le cinéaste, qui exploite le concept d’instantané que lui offre le web au maximum.
« Ce qui est intéressant avec Internet, c’est cette économie narrative qu’il permet. On réussit à fabriquer des choses sans lourdeur, cette immédiateté rapporte quelque chose d’intéressant », nous confie-t-il.
Pendant ce temps, Hicham Lasri travaille également sur « HEAdbANG Lullaby », son dernier projet de long métrage qui s’intéresse au Maroc des années 80.
source : huffpostmaghreb.com
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