«c’est le secteur public qui doit être le levier pour mobiliser les fonds privés»

La CDG est un acteur de taille dans le domaine environnemental. Quels engagements avez-vous pris lors de cette 22e édition de la COP ?
La CDG est présente dans différents domaines et secteurs d’activité. Dans le cadre de la vision stratégique du groupe, nous avons tenu à ce que la dimension climatique constitue une priorité. Plusieurs engagements ont été arrêtés. L’une de nos orientations stratégiques majeures est de respecter l’environnement et le climat selon les standards internationaux, parce que nous avons la conviction ferme que nous pouvons assurer cet équilibre entre croissance économique et développement durable. En tout cas, une nouvelle stratégie sera déclinée en se fixant des objectifs à court et moyen terme avec des plans d’action, que nous allons porter à la connaissance du public au début de l’année prochaine.
Le 2e engagement concerne l’efficacité énergétique. Nous souhaitons ainsi lancer avec des partenaires publics, notamment l’ONEE et l’AMEE, un noyau dur qui initiera un processus d’accompagnement de l’Etat (départements ministériels de l’éducation nationale, de la santé, établissements sportifs…), dans la réalisation de ses objectifs nationaux déjà fixés et ce, par la contribution à la préparation d’appels d’offre par exemple, à la réalisation de business plans et même à la définition des objectifs. Nous souhaitons aussi mettre l’expertise et l’expérience des partenaires publics avec qui nous nous associons au profit des institutions cibles. Cette démarche vient du fait que jusqu’à maintenant aucune action concrète n’a été entreprise pour respecter les engagements pris par le Maroc. Une fois les objectifs et la stratégie arrêtés, cela devra se traduire dans les faits par une orientation vers les bailleurs de fonds tels que l’AFD et la KFWen vue de mettre à disposition les fonds nécessaires. Ainsi, la CDG sera le lien entre les pouvoirs publics et ces instances internationales.
Pour sa part, le 3e objectif se rapporte à l’empreinte carbone dans le sens de pousser les entreprises à la mesurer et, partant, à la réduire. Nous avons déjà commencé par deux activités, à savoir les bâtiments tertiaires (bureaux et services) et l’hôtellerie. Notre meilleur exemple dans ce cadre reste la station d’aménagement de Taghazout.
Enfin, le 4e objectif que s’est assigné la CDG est la pérennisation de ces actions.
Face à ces objectifs, comment comptez-vous mobiliser l’épargne nécessaire pour l’Afrique ?
Nous comptons créer un réseau d’investissements africains dans l’objectif de réorienter l’épargne africaine vers les projets verts, mais aussi d’inscrire ces actions dans la durée. Ce réseau devra inclure les caisses de dépôt et de gestion africaines, dont celle du Maroc évidemment, du Sénégal, de la Mauritanie, du Gabon et de la Tunisie. Il va comprendre également des fonds de pension et d’investissement comme Africa 50 et Pencom (fonds nigérian). La Caisse des dépôts et de consignation sera présente aussi dans le tour de table, au même titre que l’AFD, en tant que soutien financier.
De même, le groupe va intégrer un think-tank dédié à l’économie climatique afin de bénéficier de l’expérience de cet institut en matière de renforcement des capacités. Il s’agit d’une collaboration Nord-Sud pour mener des réflexions autour de la mobilisation et de la réorientation de l’épargne vers tout le continent. La plupart des projets concernent plus l’adaptation que l’atténuation, alors que l’Afrique a besoin de financement liés à l’adaptation…
La stratégie qu’annoncera la CDG concernera aussi bien l’adaptation que l’atténuation. Mais, pour l’instant, les actions menées, dédiées à l’efficacité énergétique notamment, sont surtout des actions d’atténuation. Rien ne nous empêche à l’avenir de nous lancer dans des projets d’énergies renouvelables par exemple.
Faisons un rappel pour voir à quel point la CDG est engagée dans la question climatique…
Je commencerai par la station d’aménagement de Taghazout. Depuis son initiation, le projet a intégré la dimension climat dans sa stratégie de développement. En effet, elle a été certifiée HQE (haute qualité environnementale), SQE (sécurité qualité environnement) et Green Globe. Je tiens à préciser qu’à côté de ces certifications, Taghazout a commencé à mesurer son empreinte carbone dans un objectif de la réduire. Idem pour le pôle urbain de Zenata qui a obtenu la certification HQE et reçu récemment le label éco-cité. La station Saïdia n’est pas en reste puisqu’elle est aussi inscrite dans cette démarche.
On déplore souvent une faible participation du secteur privé dans le financement des projets verts
C’est le secteur public qui doit être le levier pour mobiliser les fonds privés. Il faut que le public donne l’exemple en vue de contribuer activement dans le financement des projets verts. D’ailleurs, le benchmark international a montré que le secteur public, notamment au niveau des institutions de taille comme la CDG, a toujours été l’initiateur tant pour conseiller et aider à élaborer des stratégies que pour contribuer à la levée des fonds au niveau des bailleurs.
source : lavieeco.com
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